Psychologie

Manifestations psychologiques

Par Gisèle DEROUAULT, post-polio, psychologue, article de février 2009.

Les séquelles physiques de la post-polio sont susceptibles d’apparaître chez 40 à 70 % des anciens polios, une trentaine d’années après l’atteinte initiale. Elles occasionnent une réduction des fonctions vitales, plus ou moins progressive selon l’attention que la personne polio a pu accorder au langage de son propre corps. Ceci intervient après une restauration physique supposée permanente, plus ou moins importante selon la sévérité de l’attaque du virus et suivant les moyens rééducatifs souvent intenses mis en œuvre.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’apparition du syndrome post-polio (SPP) provoque un stress dévastateur susceptible de déstabiliser le fonctionnement psychologique usuel des polios, comme il bouleverse leur vie quotidienne en imposant de nouvelles limites à leur capacité d’action chèrement acquise.

Les premières réactions d’incrédulité font place à des sentiments de colère (irritabilité, troubles de l’humeur) et d’insécurité (anxiété, angoisse) souvent suivis d’une dépression (retrait social, tristesse, désintérêt) et d’une détresse émotionnelle (sentiments d’échec, attitudes d’évitement et de refus, résistance au changement…) qui font souvent obstacle au traitement du SPP.

Ces symptômes psychologiques sont d’autant plus intenses que tous ces sentiments avaient été expérimentés durant l’enfance, lors de l’atteinte initiale, et avaient été profondément réprimés  et refoulés pour laisser place à des comportements adaptatifs visant à compenser les déficits occasionnés par le virus et cette dévalorisation de soi inhérente à l’image du handicapé dans nos sociétés « performantes ».

Je tiens à faire remarquer ici que les réactions émotionnelles des post-polios s’apparentent aux attitudes réactionnelles de déni propres au commun des mortels se trouvant confronté à la maladie ou à l’accident invalidant, à la mort d’un proche, à un divorce, à la vieillesse, etc… Je voudrais souligner ce que ces réponses émotionnelles ont d’universel : pour chaque individu, elles sont conditionnées par la capacité du sujet à évaluer le danger proprement dit, en référence avec ses expériences passées intériorisées, et son aptitude à mettre en œuvre des stratégies de défense, elles aussi largement subordonnées à des expérimentations antérieures.

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